Pourquoi ne pas abandonner la monnaie papier?
A-t-on encore besoin d’argent comptant en 2024? Le nombre de transactions faites avec de la monnaie a diminué de moitié au Canada entre 2009 et 2022 et avoisine maintenant les 20% selon des chiffres compilés par la Banque du Canada. Y a-t-il des avantages à garder une monnaie en circulation ou doit-on militer pour un passage à une économie de transactions virtuelles et sans contact? C’est ce qui sera exploré dans ces prochaines lignes.
Une question de coût
Le coût de la monnaie physique est loin d'être négligeable. La fabrication de la monnaie physique englobe non seulement les coûts matériels mais aussi les frais de logistique et de sécurité. En 2019, la Banque du Canada a dépensé environ 110 millions de dollars uniquement pour l'impression et la distribution de billets. Ce coût était cependant largement supérieur au moment où la banque centrale a mis en circulation les nouveaux billets en polymère. La question du coût de la monnaie explique aussi la décision de retirer la pièce de 1 cent: son coût de production excédait sa valeur nominale.
Les transactions virtuelles n’impliquent pas d'échanges de monnaie qu’il faut produire, mais son réseau d’infrastructures est beaucoup plus complexe que ce qui intervient dans la fabrication des devises. Les systèmes de paiement en ligne nécessitent des serveurs qui doivent être sécurisés, mis à jour et entretenus, mais ces investissements sont partagés par tous les joueurs des télécommunications en plus d’offrir d'économies d'échelle, rendant chaque transaction marginalement moins coûteuse à mesure que leur volume augmente.
Comme elles sont virtuelles, ces transactions réduisent aussi les interventions humaines et manuelles au maximum, ce qui rend plus rares les erreurs et profitent au système dans son ensemble..
Impact environnemental
L’extraction des ressources nécessaires à la fabrication de la monnaie, sa production et sa distribution ont une grande empreinte environnementale. Mais les centres de données et les parcs de serveurs aussi : ce sont d’importantes sources de chaleur qui génèrent un impact sur les écosystèmes.
Au fil du temps, avec l’échange de monnaie qui ne cesse de diminuer, l’empreinte écologique des transactions virtuelles pourrait augmenter sans de réelles innovations pour optimiser les réseaux..
Et les transactions illégales dans tout ça?
La lutte contre les transactions illégales et l’évasion fiscale est un autre argument souvent amené en faveur de l’abolition de l'argent liquide comme il est souvent utilisé pour des activités illicites telles que le blanchiment d'argent, la corruption et le financement du terrorisme. Même si cette conception repose sur des éléments qui sont vrais, le crime organisé a recours à des stratégies beaucoup plus complexes et des mécanismes qui vont au-delà du simple échange de comptant pour faire leurs transactions. Il est donc un peu simpliste d’avancer que l’abandon de la monnaie papier réduirait le nombre de transactions illégales, surtout à l’ère des cryptomonnaies.
Mentionnons aussi qu’intégrer des technologies de suivi et des algorithmes de détection de fraude à toutes les transactions virtuelles a un coût. La prévention des cyberattaques et la protection des données des consommateurs deviennent des enjeux majeurs dans un monde sans monnaie physique.
Le Canada pourrait-il devenir le premier pays à adopter une politique officielle d’abandon de la monnaie? Ce serait surprenant. Des pays comme la Suède et le Danemark sont considérés comme en voie d’être «cashless» avec des taux de transactions en liquides tout juste sous la barre des 10% selon des chiffres compilés par Visa. Le Canada pourrait choisir cette option prudente de retrait graduel sur une décennie pour favoriser l’implantation des technologies numériques sur l’ensemble de son vaste territoire avant de ratifier une politique en ce sens.
Autant l'idée de supprimer complètement l'argent comptant est séduisante, autant elle ne semble pas réaliste encore. Mais on s’en approche!
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